2008

Sébastien était à fond de coke

Sébastien était à fond de coke. Dès le premier jour où je l’ai vu j’ai suspecté chez lui une homosexualité refoulée. Sa façon de parler, de s’habiller, de parler des filles qu’il n’arrive pas à baiser. Son attitude. Il a carrément rougi une fois que je lui disais en toute discrétion, tandis que nous buvions un café en terrasse et que je profitais que C. soit allée aux toilettes : «cette fille est un tsunami, au lit. On dirait que son seul but est de rendre ma bite heureuse !». Le voyant gêné, j’étais resté interloqué et je m’étais abstenu de développer mon argumentaire qui allait bifurquer sur l’évocation de l’anecdote de la fois où elle m’avait sucé au cinéma, quelques jours avant. On était allé voir «les Promesses de l’Ombre» de David Cronenberg et j’avais éjaculé dans sa bouche, je me souviens, alors que Viggo Mortensen plantait un couteau dans la nuque d’un gars de la mafia russe. J’avais connu C. au détours de Facebook et Sébastien était son voisin depuis des années. Cela faisait des mois que je ne les fréquentais plus, ni lui, ni elle, lorsque je fis ce rêve étrange. Nous étions dans une fête, l’été. Une piscine. De la coke. De l’herbe. Des gens. Des papillons fluorescents. Blonde Redhead («I Still Get Rocks Off» pour être exact) en fond sonore. Des filles outrageusement sexy. Sébastien à fond de coke. En un instant, plus personne à la fête, juste lui et moi, au bord de la piscine, torses nus. La musique, comme un filet saturé de fréquences médium, semble désormais sortir d’un petit transistor-radio, comme celui qu’utilisait ma grand-mère pour écouter son tiercé. Sébastien a l’air d’être dans une sorte de transe. Je crois qu’il a gobé une pilule, aussi. Il veut que je le suce. Il a déjà sorti sa bite démesurée et en érection et la branle en douceur, le regard implorant que je le soulage moi-même. Je suis mal. Cependant, je m’apprête, avec dégoût, à m’occuper de lui lorsque, surgie de nulle part, C. prend sa bite en bouche et commence à lui délivrer une pipe gloutonne dont elle maîtrise tous les aspects. Je bande. Sébastien devient écarlate lorsqu’il jouit dans un râle efféminé. C’est du sang qu’il éjacule. C., je ne sais pas comment, réussit à attraper la semence dans un verre qu’elle lui tend et qu’il boit avec avidité. C. se tourne vers moi avec un regard lubrique. Il lui en faut encore. Elle a soif de bite, c’est ce que ses yeux me disent, et, lorsqu’elle commence à me sucer, un éclair semble me traverser les boyaux. Je me réveille en sursaut. M. est en train de se livrer à une fellation matinale sur ma personne. Je l’avais oublié, celle-ci. Pourtant on avait passé, la veille même, une soirée mémorable en terme de volupté. Elle a, il faut dire, le plus beau cul d’Europe occidentale.
Sur la table de chevet, deux mugs de café noir répandent une fine fumée qui brouille légèrement le filet de rais de lumière inondant la chambre de photons dorés, tel la promesse d’une naïve félicité.
« It’s gonna be a glorious day… »

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